Une traversée du pacifique, pacifique à demi

C’est 32 jours qui se succèdent, 32 jours qui ne se ressemblent mais sont tous un peu les mêmes. 32 couchés et de levés de soleil  à quelque chose près, 32 ambiances, de trains de vagues à calmes plats, crachins bretons ou grains tropicaux, nuits paisibles ou sommeils agités. un corps qui s’adapte, réagit, gronde, et se soumet à l’élan de la mer répercuté sur la coque de Yara.

Des tremblements dans la nature, des pièces qui lâchent des voiles dissipées, des cordages emmêlés mais qui finalement se disciplinent afin de nous emmener sur le grand océan.

Des livres avalés, le rituel du soir, une série « Black Sail » pour rester dans l’ambiance, avant le 1er quart de nuit.

De longs moments de rêverie au fil du ciel qui nous encercle.

Des oiseaux, un chaque jour, si loin des terres.

Un éblouissement devant  la faune tranquille et sauvage des Galapagos, venue en nombre à notre rencontre. Et la bêtise humaine aussi dans cet archipel qui n’est plus un patrimoine que pour une infime partie de l’humanité.

Mais fî des tracasseries terrestres pour le moment seuls comptent ce petit navire perdu dans l’immensité et ces 2 occupants. Il a tenu promesse.

Cependant l’arrivée nous préoccupe. Pas tellement en ce qui concerne l’approche du lagon mais la question suivant nous taraude : allons-nous reprendre goût à cette vie « civilisée » ?

   

Nous étions si bien mer! Et puis la découverte de cette nouvelle terre des Gambier si étrange et belle, avec mérou en prime à l’entrée du lagon nous ravit. Et on est heureux de partager avec les équipages qui nous ont précédés ce bonheur, cette excitation de l’arrivée et le calme enfin retrouvé.

                                     

Les Perlas

Sur la route du pacifique, nous quittons enfin Panama City.

Un mot sur cette ville qui n’exciterait pas sans le canal et son trafic perpétuel où les mégas tankers se délestent uniquement de milliers de dollars en droit de passage et sans le blanchiment d’un autre trafic…

Citée grouillante et orgueilleuse dans sa volonté de copier les plus grande. Ici les buildings sont vides et déglingués bouffés au sel et nourris à la poudre.

Contrastant avec cette image plutôt négative et la corruption ambiante, le plus chaleureux des accueils, bras ouverts, nous fut réservé par Monique et Claude résidents français depuis plusieurs années.

Le trio Albin, Véro, et Denis découvrent d’autres facettes plus positives de cette ville grâce à Claude qui nous a véhiculés aux quatre coins de la city et a grandement facilité notre avitaillement en prévision des 6 mois à venir.

Au mouillage face à la City, la tribu des futurs voyageurs du pacifique se forme autour de quelques apéros bien ballotés.

Albin pcr en poche, rejoint les pays de l’est  entre 2 confinements. Une fois les derniers tracas avec les autorités réglés zarppé ou not zarppé !, Yara présente son étrave dans les eaux enfin claires des Perlas.

Dès la sortie de la baie de panama, laissant dans notre sillage les gros tankers et un ciel chargé de particule fine, les lignes de traine sont en fonction prêtes à accueillir tous les poissons suicidaires mais aucun candidat se présentera et pourtant les leurres bleu d’azur sont séduisants.

Heureux de retrouver la quiétude de ces iles pour la plupart déserte.

La préparation de Yara et de son équipage pour leur plus grande traversée de leur périple, le double de la transat, est affinée nettoyage de la coque, réglage du safran, derniers contrôlés moteur, appareils électroniques, analyse de la météo et des routes à suivre.

Quelques bananeraies et papailleraies abandonnées lancent un dernier appel à la cueillette.

10 mars au matin, le cœur serré, de concert avec nos amis du Pourquoi’pas, Yara se lance pour 4000 milles dans la transpacifique, cap sud ouest, avec le passage de l’équateur, peut-être une escale aux Galapagos et une arrivée prévue aux Gambier : durée estimée 30 jours

Pas de boa constrictor mais un alligator..

Tout a commencé par une nuée de mouches et de moustiques à Curaçao. Accueil piquant mais pas surprenant.

Bien plus tard sur le continent sud americain les singes hurleurs se cachent en forêt vierge mais ne restent guère discrets pour autant. Leur cris font dresser le poil à qui les surprend. Beaucoup plus curieux et chahuteurs seront les petits ouistitis alors qu’une mère paresseuse et son petit nous feront l’honneur de leur discrète présence dans le tunnel de l’amour.

 

Tandis qu’un peu plus loin un gros croco aime à se dorer la pilule sur les bord du canal, une iguane choisit de se pavaner sur les trottoirs de Panama.

De tout temps, le colibri du jardin de Monique butine, pendant que les roussettes de Claude font leur tournée nocturne.

Le requin dormeur le fit au pied de son récif San Blasien, alors qu’un pelican des plus culotté s’intéressait de très près à notre marque de moteur .(!)

Les dauphins tachetés nous saluèrent pendant que des raies s’envoyaient en l’air au dessus du Pacifique.

Une petite tortue curieuse s’approchât dangereusement mais sans crainte de notre appât, de même un fou de bassan aux pieds bleu (sûrement un aristo, il en existte aux pieds rouge) surveillât du coin de son œil gris la manœuvre de spi, tranquillement installé sur le balcon avant.

Ce fut par une belle matinée de Mars qu’une nurserie de coeruleoalbas fit ses premiers sauts à notre tribord alors qu’une nuit plus loin, si près de l’équateur, de puissantes baleines nous réveillèrent, baptisant le bateau de leur souffles puissants.

Une multitude d’oiseaux nous survolent, navrés que nous sommes de ne pouvoir les identifier tous. Il nous faudrait pour cela une encyclopédie volatile.Sur l’étendue lisse du Pacifique une armada de dauphins noirs s’avance, tous de front, en effectuant sa meilleure voltige. Poissons volants et calamars quant à eux s’écrasent chaque nuit lamentablement sur le pont.

Nous aurons eu notre quota de bestioles avant même d’arriver aux Galapagos . Mais irons nous , irons nous pas ?

Si près de  » l’origine des espèces  » et passer loutre , ça va pas être possible ! Un crochet d’une centaine de miles et nous voilà dans le fameux parc national, patrimoine de l’humanité. Et c’est un festival! La danse de l’otarie nous enchante. Une puis deux tortues nous rendent visite, si près du bateau quand au loin les baleines à bosses vaporisent l’azur d’ une brume marine. Les émois amoureux des raies se mesurent à la hauteur de leur saut et elles sont très amoureuses !

Nous verrons peu des Galapagos même si sur Isabella les iguanes terrestres nous ont observés de leur yeux globuleux et le jeu des jeunes otaries nous aura conquis le temps d’un débarquement éclair …

 » Seules les bêtes » me direz vous ont mérité notre respect !

La marée chaussée, l’aéronavale, capitaine et agents en tout genre ont décidé que nous ne mettrions pas pied à terre. ( sauf à se délester de la modique somme de 1500 dollars)

Et oui Darwin le monde a bien changé !

Votre honneur nous fera la grace cependant d’un filet à provision avant un appareillage immédiat, mais point de gazoil pour nos reservoirs.

Que nenni,! Faisons route ! Une troupe de globicéphales nous attend au large pour égayer l’inexorable pot au noir.

 

Histoire d’un canal à Panama

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Avec ton air d’agent latino-américain franco-panaméene, à peine debarqués tu nous as liberés.

Nous étions libre de fouler le sol de Panama au milieu de la mangrove et des singes hurleurs, libres de se frotter aux autorités avec notre liasse de photocopies.

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Tu expliques le canal, les sommes à payer, jamais tout à  fait nettes de taxes et de commissions, plus de 2700 dollars quand même !

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Tu nous donnes rendez-vous avec le jaugeur, voire le arpenteur le 15 au matin au flat, plutôt le cimetière des bateaux sans nom. Le 15 tu nous dis: c’est reporté au 16. Shelter sera pour quelques jours notre camps de base.

22 matin ou soir passage prévu. Finalement les handliners et le pilote embarquent à 16 heures sans gants ni chaussures mais masqués, avec des pneus sans attache et des haussières raides comme la justice. En 2 minutes c’est le branle bas combat, il faut lever l’ancre et gagner le chenal sans tarder, un cargo attend.

Bref tout est paré, chacun à son poste prêt à affronter les premières écluses, à recevoir les premiers lancés de toulines.

Très professionnels nous passons les 6 écluses et la traversée du lac Gatun avec une synchronisation parfaite, une vraie chorégraphie.

Nous voilà après 24 heures dans le pacifique, nos équipes nous quittent à Balboa, nous quémandent 12 dollars supplémentaire. Pourquoi? juste pour débarquer.

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Et le crusing permit ? Pas la peine et puis si si je m’en occcupe ça fera 185 dollars plus 30 de commission pour faire la demande.

Un mois passe, toujours pas de permis pourtant obligatoire pour sortir de Panama.

Discution, contreverse, atermoiements , avec toi et Iasmina des autorités. Encore un petit effort de 5 dollars et l’imprimante accouche du permis. Nous sommes enfin libérables

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Plus un pays est corrompu plus compliquées sont les procédures. Mais tu nous as libéré des paperasses administratives. Quoique!

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait peu à peu tu disparais

Se retrouver chez les Kunas aux San Blas .Quelle expérience !

Yara a bien dû patienter une nuit au large de la côte Panaméenne avant de risquer une approche prudente. Et bien lui en prit.

Rochers acérés, vagues fracassantes, hauts fonds, corail de toute part et trois minuscules piquets pour matérialiser une chicane et se frayer un chemin au milieu de tout ça… Panamarina ça se gagne!

Une fois à l’intérieur : un vrai lac dans son écrin vert de mangrove et une ambiance que l’on avait pas connue depuis longtemps: petite guinguette, musique, jeunesse enthousiaste de ses futurs voyages et les Pourquoi Pas qui fébrilement nous attendent. Yara transporte en effet quelques colis, notamment les introuvables fraises Tagada sous ces latitudes et sans lesquelles le Capitaine Jean Phi est très malheureux.

C’est là qu’Albin arrivera suite à un long périple sur des pistes pas très claires ni trop fréquentables, de nuit et tout feux éteints. Mais avec du saucisson dans ses bagages !

Ni une ni deux, après une expédition à la recherche du paresseux qui paresse, on prend la chicane dans l’autre sens et direction le fameux archipel  des  San Blas.

Nous voici donc à nouveau ”en el Paraiso”. Nous ferons halte aux Hollandes, Coco Benderas, ou Cambombia . D’îlots en îlots nous rencontrons les familles Kunas, approchons modestement leur mode de vie, éprouvons leur gentillesse, leur disponibilité ,découvrons leur fabuleux artisanat et ferons plus d’un honneur à leur pêche.

Dans le paysage les cocotiers sont omniprésents. Le prix de la noix de coco est fixé pour l’année pour l’ensemble des îles par une assemblée de tous les villageois. Ici aucun territoire n’est jamais cédé à un quelconque promoteur. Le Panama aimerait bien assimiler les populations Kunas mais ils s’y refusent et préservent leurs traditions et leur indépendance. Comme de porter la tenue brodée par dessus les vêtements occidentaux imposés à l’école, en forme de protestation. Un père Kuna ( on peut lire aussi Guna) nous dira : – les enfants n’ont pas la télé mais on reste libre et tranquille . Même si on nous demande souvent de « cargar los cellulares » nous venons de faire un pas de côté à notre civilisation. L’événement qui mettra le sourire sur tous les visages sera le don de nos anciennes lunettes et d’un peu de matériel de couture pour les femmes qui créent les fameux Molas. Tableaux colorés faits de plusieurs couches de tissus où la dimension 3D n’a rien à envier à la science des hologrammes. Je craquerai pour plus d’un et réaliserai un trop beau cache pot à kéfir avec l’un deux et monter ainsi d’un cran dans l’estime de ces formidables couturières.

Nous quittons avec tristesse ce bonheur du bout du monde. En route pour le Canal, le grand, l’unique, le mythique Canal de Panama.

Salut et fraternités

 

Naviguer enfin.

Le mot qui exprime le mieux notre sentiment à l’heure du départ de Curacao est : sérénité.

En effet tout fonctionne sur le bateau. L’équipage a envie d’en découdre, il est fin prêt.

Le moteur démarre au quart de tour, les diverses pompes aussi. L’annexe gonflée sur le pont. Gary notre ami Australien est sur le quai pour proposer son aide et nous envoyer un dernier » take care ».

Dès notre belle grand voile hissée, Pierre Jean, notre pilote préféré reprend du service sans broncher. Brave petit !

Le mouillage de Santa Cruz sera l’occasion de tester Bernard, le  » watermaker » (dessalinisateur) qui fonctionne illico. Bon gars!

Tout est en ordre à l’intérieur, les premiers repas sont prêts, on peut y aller.

Il y a bien comme un malin doute qui s’insinuerait dans nos têtes du genre; trop beau pour durer.

Au troisième jour nous avons parcouru 400 miles soit la moitié du chemin sur une même amure . Au changement de bord les tiroirs à couvert ne sont plus d’accord ! Ils décident de faire un valdingue dans notre habitacle et c’est tout l’attirail qui se retrouve dans le carré. L’occasion de faire le tri et un grand ménage, ce qui dans ces conditions de navigation n’arrange pas nos estomacs ! À part ce léger incident tout va très bien Mme la Marquise, et notre sérénité n’ est même pas entamée. Le bord s’adapte très bien à l’absence de surprises.

Malgré une mer chaotique en guise de bienvenue, notre Yara avec l’aide de tous ses acolytes fait bien son office.

Arrive le tour de la barre fantôme.

Denis, voulant éviter un des rares cargos croisant notre route, prend la barre et se retrouve alors avec du vide entre les mains. Diagnostic: une clavette s’est fait la malle, il y n’y a qu’un boulon à resserrer. Ouf ! Vive la seconde barre tout de même.

C’est au cours de cette journée particulière que les wc se retrouvent fermés de l’interieur. Mystère toujours pas élucidé à ce jour.

Petits inconvénients mineurs me direz vous qui font que nous nous sentons davantage dans la normalité.

Le lendemain la houle est montée d’un cran. De belles déferlantes entourent le bateau, le spectacle est magnifique.

Vient alors l’épisode de l’omelette aux oeufs! Voir aux oeufs brouillés (façon Pierre Gros) avec patates, oignons et grouuuyère .

Le temps de saisir une bouteille derrière soi et vlan le bol prend son envol et le carré une belle couleur jaune. Ça pue l’oeuf et ça glue! Nos estomacs n’aiment toujours pas. Qu’à cela ne tienne, vas y pour une deuxième omelette!

C’est alors que, la vague célérate qui attendait son tour tapie au fond de l’océan, fait surface et vient toquer sur la coque de Yara où, pour se remettre de l’intense odeur d’oeufs , les hublots ont été ouverts.

100 litres d’eau de mer font irruption dans la cuisine, sautant miraculeusement par dessus la gamelle, épargnant notre repas. Et nous voilà derechef à quatre pattes pour éponger tandis qu’à l’extérieur les montagnes russes sont toujours d’actualité. On ne parle pas alors de notre forme stomacale!

Enfin à l’air libre, nous parvenons à déguster la plus délicieuse des omelettes aux œufs.

Dernier épisode de cette traversée reliant Curaçao à Panama sera l’avance que l’on a prise, aidés par un fort courant et qui nous fait donc arriver tombée de la nuit plutôt que petit matin.

Ici pas de phare , bouées chenal ou autres signalisations. Rien qu’une côte sauvage bordée de recifs acérés où déferlent toutes les vagues de l’Atlantique.

Dilemme. Ralentir, accélérer, tenter un passage ?

Que va choisir Yara ?

Finalement sans prétendre à l’intensité  » du vent des globes” ( trop jolie formule, je la garde Gilles. O) on ne s’ennuie pas à bord de Yara !

Salut et Fraternités

Arrêt forcé à Marie Galante

Bientôt  deux mois de stationnement sur les rives de cette île paisible. Ça nous laisse le temps de l’observation.

Tout d’abord la mer tout autour pour seul amarrage. Notre parking de référence.

Et 2-3 choses qui ne changent réellement pas.

Les grosses étoiles de mer rouge qui constellent notre parcours de nage, imperturbables dans leur alignement sous marin.

De même les 4-5 tortues qui opèrent dans ce rayon d’un km. La grande, la moyenne, la baguée, celle à la patte folle , la très sauvage qui s’enfuie à toute blinde quand notre groupe de nageurs émérite franchit sa zone de pature.

2 énormes  barracudas gardant leur territoire nous font les gros yeux quand on le traverse, allant jusqu’à nous accompagner de concert.

Un gros pâté de corail abritant une murène engourdie, trois poissons tigres, un bébé langouste caché au fond de son pneu.  Tout un aréopage de poissons divers.

Un paysage monotone, dans le fond recèlant cependant une multitude de détails. Une faune animée, heureusement  indifférente au monde extérieur. Même s’il parait que l’arrêt de toute forme de circulation lui convient plutôt bien.

2-3 choses qui changent mais qui sont les mêmes.

La vue que l’on a de l’île Guadeloupe.  Un jour partiellement découverte en son sommet volcanique, l’autre totalement absorbée par les grains puis transpercée des mille feux du couchant.

Les ciels, leurs couleurs changeantes seconde après seconde, la course des nuages galopant vers l’ouest ou leur absence qui vaguement inquiète.

Les variations bleu, indigo, vert, gris ou mercure de la mer avec ses ondulations, frisures et reflets. Une palette infinie en un seul jour.

La terre possède également ses rituels.

Le cochon sous son manguier, les bœufs en leur piquets le long des chemins de canne , les boucs que l’on conduit à l’étable à grand renfort de cris tonitruants.

 

La canne qui ne peut être coupée par une main d’œuvre contrainte à l’immobilité.  Les buttes de terre noire où se disciplinent des rangées de salades vertes et craquantes, que la main d’un Richard permacultivateur des faubourgs de St Louis, soigne jour après jour.

Les arbres fiers, puissants, croulant sous leurs  fruits gorgés de jus, que seul l’alizé parvient à  émouvoir et qui poursuivent leur lente croissance sans plus se préoccuper des affres de ce monde. Les lueurs du couchant  accrochées aux murs délavés des maisons basses des ruelles quelque peu désertées..

Les longues plages silencieuses au mobilier abandonné attendant le retour d’un tourisme incertain. La guitare en sourdine échappée d’une case en retrait.

Et nos bateaux sur leurs bouées pointant tantôt l’est, tantôt le nord avec leur toiles de soleil colorées, les vêtements frais à sécher sur leur fil, les paddles qui se prélassent dans l’attente de la récréation d’enfants dorés de soleil, corps agiles toujours prêts à  s’égayer au centre de notre carte postale.

Et les amis de mouillage  les visages  tourmentés, des rides nouvelles, un air plus las, inquiets pour les proches restés dans la tourmente de ces jours de détresse. Ou bien savourant au contraire ce temps en dehors du temps. Mais de lire aussi et rire beaucoup. Et se lier d’amitié,  trouver ses âmes  soeur avec qui se projeter. Aussi dessiner, jouer, cuisiner, et pourquoi pas  une nouvelle communauté  et discuter toujours un verre d’amitié à la main défiant l’idée même d’un quelconque couvre feu.

 

Et l’émotion, plus forte que tout le reste, d’être enfin réunis à nos quatre marines, filles de la mer et de la liberté, éblouissantes de vie et de beauté.

Jours de rencontre, de connaissance et de reconnaissance qui curieusement nous nourrissent un peu, énormément,  beaucoup, pas assez..

Et bien sûr l’appel du large toujours là. Les baleines tout prêt que l’on peut entendre chanter certains jours, un désir de voile bien gonflée avec le son du sillage sur la coque…de nouveaux horizons à parcourir.

ON RÊVE.. on ne se refait pas .

Voilà ces deux trois  choses pour décrire ce temps où nous fûmes à Marie Galante .Microcosme ou  monde sans fin. C’est selon !

Salut et fraternités

De Beaufort à Puerto Rico

lundi 25 novembre : 150 milles tout au moteur

Au matin nous quittons la marina de Beaufort qui nous a abrité lors du passage d’une nouvelle dépression la 4ème depuis notre retour sur le sol américain.

Nous en avons profité pour préparer le bateau, faire les pleins, charger les fichiers météo pour une navigation hauturière 1500 milles à parcourir pour rejoindre les Caraïbes.Un dernier « au revoir » rempli d’émotions à nos amis Anne et Pierre avec qui nous avons navigué de concert à la découverte de la côte est des USA et Corinne et Daniel rencontres dernièrement à Deltaville canadiens d’adoption.

Heureux de quitter enfin les canaux intérieurs pour retrouver le large.Nous prenons la mer, cap sur Charleston 200 milles à parcourir avant de prendre un cap plus à l’est pour rejoindre les Caraïbes. Le Gulf Stream sera à traverser. Une nouvelle dépression est prévue en fin de semaine.Nous retrouvons l’air de l’océan , son horizon à l’infini et une eau bleue translucide dans laquelle quelques ailerons de dauphins coupent le sillage de Yara.

Le manque de vent nous contraint à naviguer au moteur les prévisions météos nous avait prévenus. Le pilote automatique enclenché nous laisse le loisir de retrouver nos marques en mode croisière.Nous profitons d’une belle journée ensoleillée avec des températures beaucoup plus agréables que ces derniers jours.

A minuit il reste 100 milles à parcourir pour atteindre Charleston.Un stop pour refaire du gasoil et recharger des fichiers météos.

Mardi 26 novembre 150 milles tout au moteur

Nuit étoilée, journée ensoleillée, température encore fraiche , nous gardons nos couches de vêtement. Encore une navigation tout au moteur sur une mer lisse.

C’est décidé nous faisons un stop à Charleston que nous atteignons à 17h juste à la tombée de la nuit pour refaire le plein de gasoil et un point météo.

Les prévisions météos sont acceptables pas idéales en marchant à 6 nœuds nous devrions éviter la nouvelle dépression prévue en fin de semaine.Le courant est avec nous pour entrer plus de 2 nœuds.Nous attendons 20 h pour rependre le large après une petite sieste le temps que le courant s’inverse. Encore du moteur pour la nuit!

Mercredi 27 novembre : 165 milles

Dés 4 heure du matin nous atteignons le Gulf Stream, la température de l’eau passe subitement de 14 à 24 degrés puis 27 degrés. La température de l’air s’éleveit s’éleve à plus de 20 degrés incroyable ! La mer s’agite nous sommes rapidement dans un shaker le courant s’additionne à notre vitesse mais nous entraîne sur une route plus au nord.Le vent de sud ouest arrive nous coupons le moteur . Vers 17 h nous retrouvons une mer moins chaotique c’est la fin du gulf stream. Grand voile arisėe, des tours dans le génois, nous filons à plus de 6 noeuds au travers bon plein, sur une mer qui se creuse.

Jeudi 28 novembre : 148 milles

Les vents s’orientent plein nord c’est une dépressions qui s’installent au nord de notre navigation. Yara est balancé enre la houle et les vagues.La première douche à l’eau de mer. Nous sommes vraiment passés de hiver à l’été.Réparation de la GV à l’aide de la toile adhésive, une bonne révision s’imposera à la Guadeloupe dans l’atelier de Tony.Le vent reste modéré la journée et se renforce dans la soirée rapidement nous arisons la GV et diminuons le génois. Toute la nuit Yara surfe bon train dans une mer chahutée. Difficile de se caler pour dormir. La fatigue commence à se faire sentir.

Vendredi 29 novembre : 170 milles

La mer est toujours aussi croisée entre la houle et les vagues du vent.Yara surfe par moment à plus de 10 nœuds, 170 milles parcourus.Le bruit et les mouvements mettent l’équipage, ma Vėro et moi à rude épreuve.Nos activités se limitent à la lecture , à la bonne avancée du bateau et aux points météos. Merci le téléphone satellite qui nous permet de recevoir des mails.

Nous devrions arriver sur Acklins dimanche dans la matinée.

Samedi 30 novembre : 145 milles

6ème jour de mer et fin de la saison cyclonique. En approchant des Antilles nous changeons progressivement de régime de vent. Nous allons retrouver les alizés d’est ce qui ne nous facilite pas la navigation pour rejoindre l’arc antillais.

Après une nuit encore bien ballottée, le vent molli ainsi que les vagues par contre la houle venant du nord prend de l’ampleur en ce debut de matinée.

Vers 19 heures nous passons à quelques milles de San Salvador, l’île où Christophe Collomb est arrivé la toute première fois (pour le malheur de l’humanité) décidons de poursuivre notre route plus à l’est, la mort dans l’âme nous réalisons qu’il sera impossible de rentrer dans notre chère baie d’Attwod, la grosse houle du nord nous en interdit l’entrée. Que nenni une belle plage de Crooked Island au pied du phare nous attend pour un repos bien mérité.

Dimanche 1er décembre : 88 milles

Après une nuit au travers du vent encore bien ballottée et une veille plus active, 7h30 arrivée sur Crooked Island l’ancre tombe dans une eau turquoise devant la belle plage de Landrail Point. C’est spendide et pleins d’émotions, nous avions passés 2 nuits en avril dernier en compagnie de Val et Jeff.

Bains, lecture, café au calme quelle bonheur! Et déjà nous étudions la suite du voyage pour atteindre Porto Rico.

Une escale bien méritée, profitant pleinement de cet endroit « seul au monde ». presque il y a « chez Gibson » l’étape incontournable du coin. puis remplirons 3 bidons de gasoil à la « grocery » comme diraient les canadiens chez le dépanneur .

Lundi 2 décembre : 88 milles

Après une promenade sur la plage, il reste encore quelques coquillages que Val n’avait pas mis dans sa valise, nous levons l’ancre pour gagner dans l’est objectif Porto Rico, 500 milles à parcourrir 4 jours de navigation prévues. La météo nous annonce 2 jours de vent portant.

Nous choisissons une route nord nous laisserons Acklins, Mayaguana, les Turks et Caicos sur notre tribord avant de prendre le cap sur la cote ouest de Porto Rico la baie de Puerto Real.

Mardi 3 décembre :130 milles

Une nuit au ralenti, ciel bien étoilé, Orion droit devant nous guide dans l’est, un quart de lune bien timide, Yara se balance au rythme des vagues le long des côtes de Mayagana.

Il y a longtemps une petit dorade coriphenne se prend dans la ligne, juste pour notre repas de midi. Du poisson frais quelle joie! S’ensuit un barracuda aux dents acérées ( ton préféré Val!) ce qui est loin d’être génial pour récupérer l’hameçon.

Encore des questions, nous arretons-nous dans les Turcs et Caicos sur une île deserte? Dilemme devant une météo dont le vent est faible et contraire.

Nous avons encore jusqu’à la fin de la journée pour nous décider.

Mercredi 4 décembre :130 milles

Moteur depuis la veille 20h vent et courant contraire faible sur une mer belle avec une belle amplitude de la houle.

La progression est moins rapide que prévue. Encore un peu moins de 200 milles pour Porto.

Toujours aucun voilier en vue depuis notre départ des côtes US juste quelques cargos ou paquebots qui croisent notre route.

Jeudi 5 décembre : 126 milles

En ce debut de nuit, le vent s’établit à 10 noeuds à 50 degrés, nous arrêtons le moteur, déroulons le genois . La nuit est étoilée mais des foyers orageux tout autour de nous. Du près serré pour gagner à l’est, difficile de trouver une place bien calée pour dormir avec cette gîte.

Nous alternons moteur voile toute la journée. Il reste plus que 60 milles pour Porto Rico partie ouest.

Vendredi 6 décembre : 73 milles

Vers minuit le vent s’oriente à l’est, nous touchons les fameux alizés, bien nous en prit d’avoir fait une route à l’est jusqu’à la longitude de Porto Rico, nous filons au travers du vent jusqu’à Puerto Real. Vers 13h nous laissons glisser l’ancre dans cette petite baie, baignée par une musique cubaine, nous avons le sentiment que le monde s’est arrêté là.

En 10 jours et quelques heures nous avons parcouru un peu moins de 1500 milles depuis les côtes américaines.

A peine quittés l’Amérique qu’on se retrouve à faire du rodéo…m’enfin

               

Plusieurs facteurs ont leur importance quand il s'agit de faire avancer votre embarcation sur l'eau,.
L'expérience des marines et des marins, la qualité du navire, le vent, les vagues et les courants.
En principe, on essaye de faire coïncider au moins deux de ces éléments naturels.
Ce jour du 27 Novembre est celui où l'on doit traverser, dans sa plus grande largeur, le Gulf Stream.
Pas de chance, alors qu'on  pensait avoir  le vent et le courant avec nous, vent, vagues, courant ont adopté des directions différentes...S'ensuit une valse à trois temps,  un tour dans le chaudron de la sorcière,  un " rodéo " !



Dans  un premier temps le "mouse" Gulf Stream et un second courant en lisière s'affrontent .
Phénomène local pense t'on : ça va pas durer... passée la frontière le calme va s'installer !
Que nenni !!J'essaie de tenir  encore un peu l'attitude de la crêpe dans la cabine avant et fini par capituler pour de bon.
Avantage : la température de l'eau  grimpe à 22 puis rapidement à 26 degrés.On épluche au fur et à mesure toutes nos couches protectrices.
On s’aère les aisselles et pendant qu'on y est tous les recoins de Yara. Problématique : la vitesse chute, mais il faut pourtant conserver une moyenne si l'on veut  s'extraire au plus  vite de ce shaker.
La situation  n'est pas si désespérée qu'il n'y paraît.
Puisque qu'Eole et Poséidon ont décidé subitement de s'allier pour le bonheur de notre coquille de noix.Quant à Hélios, il veille désormais sur le nous pour un bon moment !

Hasta luego, los amigos .

Jean Marc serait là, il aurait trouver au moins une dizaine de titres de chanson pour dire la fin d’un périple de plus de 6 mois avec nos compagnons de route .

Je veux parler du :  » Le Mulon » !

Des baies, des rivières , des canaux, on en aura remonté quelques uns ensemble !

Des ports , des marinas, des mouillages, des tavernes, on en aura pratiqué un certain nombre !

Ces endroits mytiques : Chasepeake, Deleware, NYC, Long Island, Le Maine nous y sommes passés together !

Aussi des ballades ,à pied , en vélo, en voiture, des rencontres également…

Quelques souvenirs et galères plus loin, forcément, voilà que chacun prend sa route…les ICW pour Anne et Pierre, la mer pour Yara .

A nouveau seuls devant l’immensité ou presque, on n’aperçoit plus la silhouette majestueuse du  » grand soleil « , ni la constante bonne humeur de son équipage.

Autant dire qu’un vide se crée ! Donc naviguons, naviguons…contemplons encore le spectacle infini de l’océan.

Bon vent aux copains. Ils ont croisés sur leur route  » Solari » avec à son bord Corinne et Daniel .

On sait déjà que ces nouveaux marins seront à bonne école.