Une traversée de 6 jours au portant

Nous voilà enfin sur la grande houle Atlantique qui s’est faite attendre, mais qui est bien là.

En ce dimanche du 30 Septembre 2018 notre « message in a bottle » est largué dans les eaux verdâtres au large de Nouagadhibou (premier port de Mauritanie) aux parages des 25° de latitude Nord et 17° de longitude Ouest.

Bonne route à toi petite bouteille  de rosé! Gravée par les soins de nos amis Jacques et Corinne, qui auront nous l’espérons la surprise de vivre la suite de l’histoire..elle se dirige droit sur les côtes Mauritaniennes.

Le message à l’intérieur est le suivant: « Celle ou celui qui trouve cette missive se verra proposer une formation de tailleur de pierre en France à St Benoît (Ain ) chez Jacques et Corinne Devilla, pour une durée d’un an au bas mot. »

Contactez les rapidement (tel, mail, adresse…).

Histoire d’assurer la relève de ce beau métier et puis en Mauritanie la demande est forte et la soif d’apprendre aussi !

Soyons sérieux ce petit moment de détente survient après trois jours de navigation sportive ou les récréations furent rares .

Le viel adage »vent  portant égal tapis roulant » n’est pas pour Yara !

Cependant aujourd’hui la mer s’est calmée, on lit ,on se douche, on marche jusqu’à la proue pour admirer d’immenses bans de dauphins joueurs, tortues et hirondelle de passage.

On envoie le spi, on se détend et on écrit le journal de bord , on fera même un rumiskub ce soir .C’est la fête!

Plus près de Nouakchott l’ambiance change, les cargos sortent subrepticement de la brume pour y disparaitre aussitôt, les veilles de nuit sont intensives du fait de l’activité frénétique des pêcheurs  dans la zone.  L’on mettrait presque une légère polaire pour observer » l’autre » à loisir.

L’humidité est partout .Au petit matin l’on découvre un tas de poissons volants sur le pont et jusque dans la cuisine (Oups! trop court le vol!). Un lever de soleil timide séchera tout au bout du compte.

Pour l’heure, l’inquiétude du capitaine  se concentre sur le retour d’un vent qui se fait rare . Avec 7-8 noeuds on avance plus trop vite après nos 7-8 noeuds de vitesse moyenne et autres pointes à 10 .

De plus les copains de Ghibli sont devant qui ont mis la « Gazelle » au frais ( entendez la bière Sénégalaise). ça rigole plus du tout!

D’ailleurs il est grand temps de faire le petit éloge du même capitaine: sait tout faire et prend grand soin de Yara; de la réparation du tout venant à la fabrication d’estropes pour améliorer le retour du frein de baume, récupérer une météo au beau milieu de nulle part après avoir optimisé  l’iridium (comprenez passé une paire d’heures sur le logiciel)  changer un filtre à gasoil, regler le pilote (surnommé PJJ) ou encore resserer l’axe du safran  .

Sans oublier les longs échanges sur les pontons pour s’instruire bien sûr des astuces et parcours de chacun.

Donc le rythme s’installe (quarts et antiquarts) et s’améliore souvent après les trois premiers jours de mer. Moins de poches sous les yeux et plus d’énergie pour entreprendre…d’ailleurs les thons locaux et la dorade coryphène qui ont plébiscités le choix judicieux du poulpe rose et blanc au bout de notre ligne, nous redonnent immédiatement une belle l’énergie une fois dans l’assiette!

Il en faudra pour aborder Dakar.

Chaque chose en son temps. nous savourons le bonheur d’être là sous les étoiles, l’horizon en toile de fond , le frôlement de la mer sur la coque de Yara .

Au final, tout est réuni pour nous offrir des instants d’une grande liberté et d’une absolue beauté !


Gran Canaria Terre des Guanches

Après une traversée musclée de 73 milles entre Fuerteventura et sa grande soeur Canarienne , Yara se retrouve en sécurité dans le petit port de Pasito Blanco.

Voilà nos trois équipages partis en voiture de loc à la découverte de l’intérieur surprenant de Gran Canaria.

          

Gorges, pics ,monolithes et oasis déclinés dans toute une palette d’ocre de rouge et de brun .

Cactus, grenadiers, palmiers et pins endémiques à foison .

Troglodytes, grottes et tombeaux de lave témoins de la civilisation Guanche disparue au rude contact d’une autre ( vous devinez laquelle..).

Villages perchés, placettes ombragées, belvédères

( ici nommés miradors) et autres points de vue spectaculaires, l’île ne cesse de nous surprendre.

  

Bien sur Las Palmas ne nous a pas vu et son littoral surpeuplé non plus.

On ne s’attendait pas à ça tout de même !     

La réputation des Canaries reste à faire : oubliez l’urbanisation excessive d’une partie de la côte principalement et les séjours alléchants de » certains centres de vacances »et vous découvrirez tout ce que la nature a de plus variée et inattendue sous ce climat.

Reste quelques points de détail comme la gastronomie par exemple.

De ce côté pas de grandes expériences folichonnes .On reste concentré sur du bon poisson frais local , quelques fruits savoureux et des miels de toutes sortes (avocat, palmier et canne à sucre).

Aussi le peu de mouillages confortables qui nous oblige à séjourner dans les ports ne fait pas forcément notre bonheur mais nous y étions en bonne compagnie.

    

Au bout d’une semaine l’appel du large est le plus fort .

Départ à 5h du matin ( croyez pas que c’est toujours fun la voile) en compagnie du Mulon que nous n’arriverons pas à semer malgré tous nos efforts de voileux !

Bref, Ténerife nous voilà, cap sur Santa Cruz .

Fuerteventura la terre rouge

Vous l’avez bien l’image du buisson épineux roulant sous l’assaut du vent au milieu de la plaine désertique?

Ce pourrait être un western spaghetti ou Fuerteventura.

Les mirettes toujours écarquillées nous découvrons des plages à perte de vue d’un sable blond à faire pâlir toutes les Marylin(s) ou noir selon les désirs du volcan le plus proche.

La terre rouge érodée de cette vielle dame qu’est  Fuerte, se plisse et se hisse au-dessus de l’océan pour créer des couloirs propices à l’accélération  du vent, d’où son nom! En bref ça décoiffe!

Ce qui fait la joie de nos surfeurs, en effet sur Yara un nouvel équipage a embarqué. Débordant d’une énergie contagieuse et de rires communicatifs. Lorris, Omran et Nico sont dans les starting-block pour tester à toute heure les meilleurs spots.

Délaissant les grands sites touristiques, nous voilà sillonnant l’île par toutes ses pistes ensablées et sous un soleil ardent.

Quel réconfort ces petits oasis isolés au fond des vallées, cernés de leurs verts palmiers.

Ce furent des moments délicieux partagés avec notre Lorris en soif de vacances que nous retrouvons enfin et ses copains d’enfance que nous redécouvrons en mode « Brice de Nice »( les cheveux  moins colorés mais tout aussi long pour Omran avec une tenue un rien plus classe pour Nico ).

Leur départ nous laissera tout penaud …

Mais le ponton de Gran Tarrajal (roulez bien les RRR) se francise .

Nous sommes désormais quatre bateaux amis , réunis dans un mouchoir de poche. A l’équipage de Sea You aperçu à Porto Santo avec Fabienne et Dominique (Fab et Bab pour les intimes) se joignent Anne et Pierre rencontrés à Funchal sur leur grand soleil  suivis de près par Anne et Hervé dont nous fêterons honorablement le 50 e anniversaire.

 

Mais quel est ce cadeau d’anniversaire?
réponse : Le dé sale

Nous mettrons l’étrave de Yara à l’ouest vers Gran Canaria au premier signe de faiblesse du supra ventilateur.

 

Lanzarote de lave et de feu

Pour décrire cette île qui nous a enchantée, une fois n’est pas coutume si nous le faisions en chanson !. clin d’Œil spécial à nos amis Odile et Jean Marc qui nous ont quittés « yesterday »et avec qui nous avions mis au point un petit jeu musical fort réjouissant …

Pour cela, sur la très célèbre musique des » eaux de Mars » magnifiquement interprétée par Georges Moustaki , nous vous proposons notre vision de Lanzarote .

Vous l’avez bien dans l’oreille ? c’est parti !

 » Une plage, un récif, un rouleau qui déferle.
C’est un brin le désert, Le monde à l’origine.
C’est un morceau de lave ,c’est le feu, la poussière,
C’est un volcan qui dort, c’est l’enfer entrouvert.

Une fleur dans le sable, les cactus patients                    ,
C’est la vigne qui surgit, c’est le vin Rubicon,
C’est le lézard qui fuit, c’est la terre qui fond,
Le mystère profond, la promesse de pluie .            

C’est le souffle du vent au sommet des volcans,
C’est une maison blanche, une place et le temps,
C’est un puffin qui crie, le ciel qui s’éclaircit.
Des couleurs d’allégresse, c’est l’île de Lanzarote

C’est Manrique qui sculpte,  harmonieux et agile.
C’est le fer qui se tord,  c’est la main qui dessine,
C’est le bord de la terre, la falaise qui se dresse.
C’est un brin le désert, le monde à l’origine.

C’est un dauphin en l’air, une baleine qui passe,
Les rochers qu’on aligne,  un abri en eaux claires.
Un palmier, une ombre, c’est la chaleur qui vient,
C’est une vision fragile, qui résume le tout.

Une plage ,une grève, c’est un peu l’éphémère,
C’est tout ce dont on rêve, c’est ce qui nous advient .
C’est de l’or, c’est un soir le bout du quai.
Un rhum citronné, un seul jour finissant .

C’est la couleur de l’eau, un lac ensommeillé, des salines dressées.
C’est du vent,
C’est du vent

Une empreinte, Un souffle, Un cachalot qui sonde,
C’est un voilier qui file ,c ‘est la mer démontée.
C’est la saison volage et ses nuées fugaces.
C’est l’île Lanzarote , une promesse de pluie.

Un creux, un cep, c’est le vin c’est la vigne,
Un scorpion qui lambine, une peur sur le front.
Une plage , un récif, un rouleau qui déferle,
C’est un brin le désert , le monde à l’origine

C’est le diable qui passe, le début d’une     histoire,
C’est les gens qui la font,
C’est la terre Lanzarote,  la promesse de       pluie.

Le monde à l’origine,

C’est l’île de Lanzarote , dans nos cœurs pour de bon. « 

paroles de Véro

Échauffement :

Sans consentement (enregistrement sous le paréo)

 

De Madère aux Cannaries

Ce mercredi 1er août avec beaucoup de regret nous laissons Funchal dans notre sillage, adieu Madère, tu n’es que végétal, adieu Raphaël quel bel accueil tu nous as réservé : cap sur les Canaries avec une première escale aux îles Desertas pour observer les phoques moines.

Changement de décor, mouillage agité sur bouée au pied d’immenses falaises rocheuses accores sans pouvoir débarquer. les phoques restent très discrets cachés dans leur grotte. Par une nuit ventée noire  et lugubre nous tentons de trouver le sommeil.

Une deuxième escale nous attend à 24h de navigation : l’île Selvagem Grande.

Un départ aux aurores sous 2 ris, génois tangonné nous filons à plus de 8 noeuds sur une mer formée

Autre décor: un mouillage aussi sauvage que son nom le dit où des milliers de puffins et pétrels s’en donnent à cœur joie pour nous assourdir de leur cri hitchoquien. Grâce à une balade dans l’île, habitée par 2 gardiens et 3 scientifiques, nous découvrons leur habitat naturel qui nul intervention humain n’est venu défigurer.

Après ces 2 brèves escales réservées pour des ornithologues que nous ne sommes pas, nous reprenons la mer cap Graciosa la première île des Canaries que nous atteignons 23 heures plus tard à une moyenne de 7 noeuds.

Graciosa, une île plate sablonneuse avec 4 cônes volcaniques, sans route et très peu habitée: une île de rêve, nous profitons de la baie Francesa à quelques kilomètres de piste du village: un décor digne du sud marocain.

   

Lorris après plus de 24 heures de voyage nous fait la surprise de son arrivée nuit tombée sur la plage.