Une traversée du pacifique, pacifique à demi

C’est 32 jours qui se succèdent, 32 jours qui ne se ressemblent mais sont tous un peu les mêmes. 32 couchés et de levés de soleil  à quelque chose près, 32 ambiances, de trains de vagues à calmes plats, crachins bretons ou grains tropicaux, nuits paisibles ou sommeils agités. un corps qui s’adapte, réagit, gronde, et se soumet à l’élan de la mer répercuté sur la coque de Yara.

Des tremblements dans la nature, des pièces qui lâchent des voiles dissipées, des cordages emmêlés mais qui finalement se disciplinent afin de nous emmener sur le grand océan.

Des livres avalés, le rituel du soir, une série « Black Sail » pour rester dans l’ambiance, avant le 1er quart de nuit.

De longs moments de rêverie au fil du ciel qui nous encercle.

Des oiseaux, un chaque jour, si loin des terres.

Un éblouissement devant  la faune tranquille et sauvage des Galapagos, venue en nombre à notre rencontre. Et la bêtise humaine aussi dans cet archipel qui n’est plus un patrimoine que pour une infime partie de l’humanité.

Mais fî des tracasseries terrestres pour le moment seuls comptent ce petit navire perdu dans l’immensité et ces 2 occupants. Il a tenu promesse.

Cependant l’arrivée nous préoccupe. Pas tellement en ce qui concerne l’approche du lagon mais la question suivant nous taraude : allons-nous reprendre goût à cette vie « civilisée » ?

   

Nous étions si bien mer! Et puis la découverte de cette nouvelle terre des Gambier si étrange et belle, avec mérou en prime à l’entrée du lagon nous ravit. Et on est heureux de partager avec les équipages qui nous ont précédés ce bonheur, cette excitation de l’arrivée et le calme enfin retrouvé.

                                     

Les Perlas

Sur la route du pacifique, nous quittons enfin Panama City.

Un mot sur cette ville qui n’exciterait pas sans le canal et son trafic perpétuel où les mégas tankers se délestent uniquement de milliers de dollars en droit de passage et sans le blanchiment d’un autre trafic…

Citée grouillante et orgueilleuse dans sa volonté de copier les plus grande. Ici les buildings sont vides et déglingués bouffés au sel et nourris à la poudre.

Contrastant avec cette image plutôt négative et la corruption ambiante, le plus chaleureux des accueils, bras ouverts, nous fut réservé par Monique et Claude résidents français depuis plusieurs années.

Le trio Albin, Véro, et Denis découvrent d’autres facettes plus positives de cette ville grâce à Claude qui nous a véhiculés aux quatre coins de la city et a grandement facilité notre avitaillement en prévision des 6 mois à venir.

Au mouillage face à la City, la tribu des futurs voyageurs du pacifique se forme autour de quelques apéros bien ballotés.

Albin pcr en poche, rejoint les pays de l’est  entre 2 confinements. Une fois les derniers tracas avec les autorités réglés zarppé ou not zarppé !, Yara présente son étrave dans les eaux enfin claires des Perlas.

Dès la sortie de la baie de panama, laissant dans notre sillage les gros tankers et un ciel chargé de particule fine, les lignes de traine sont en fonction prêtes à accueillir tous les poissons suicidaires mais aucun candidat se présentera et pourtant les leurres bleu d’azur sont séduisants.

Heureux de retrouver la quiétude de ces iles pour la plupart déserte.

La préparation de Yara et de son équipage pour leur plus grande traversée de leur périple, le double de la transat, est affinée nettoyage de la coque, réglage du safran, derniers contrôlés moteur, appareils électroniques, analyse de la météo et des routes à suivre.

Quelques bananeraies et papailleraies abandonnées lancent un dernier appel à la cueillette.

10 mars au matin, le cœur serré, de concert avec nos amis du Pourquoi’pas, Yara se lance pour 4000 milles dans la transpacifique, cap sud ouest, avec le passage de l’équateur, peut-être une escale aux Galapagos et une arrivée prévue aux Gambier : durée estimée 30 jours

Pas de boa constrictor mais un alligator..

Tout a commencé par une nuée de mouches et de moustiques à Curaçao. Accueil piquant mais pas surprenant.

Bien plus tard sur le continent sud americain les singes hurleurs se cachent en forêt vierge mais ne restent guère discrets pour autant. Leur cris font dresser le poil à qui les surprend. Beaucoup plus curieux et chahuteurs seront les petits ouistitis alors qu’une mère paresseuse et son petit nous feront l’honneur de leur discrète présence dans le tunnel de l’amour.

 

Tandis qu’un peu plus loin un gros croco aime à se dorer la pilule sur les bord du canal, une iguane choisit de se pavaner sur les trottoirs de Panama.

De tout temps, le colibri du jardin de Monique butine, pendant que les roussettes de Claude font leur tournée nocturne.

Le requin dormeur le fit au pied de son récif San Blasien, alors qu’un pelican des plus culotté s’intéressait de très près à notre marque de moteur .(!)

Les dauphins tachetés nous saluèrent pendant que des raies s’envoyaient en l’air au dessus du Pacifique.

Une petite tortue curieuse s’approchât dangereusement mais sans crainte de notre appât, de même un fou de bassan aux pieds bleu (sûrement un aristo, il en existte aux pieds rouge) surveillât du coin de son œil gris la manœuvre de spi, tranquillement installé sur le balcon avant.

Ce fut par une belle matinée de Mars qu’une nurserie de coeruleoalbas fit ses premiers sauts à notre tribord alors qu’une nuit plus loin, si près de l’équateur, de puissantes baleines nous réveillèrent, baptisant le bateau de leur souffles puissants.

Une multitude d’oiseaux nous survolent, navrés que nous sommes de ne pouvoir les identifier tous. Il nous faudrait pour cela une encyclopédie volatile.Sur l’étendue lisse du Pacifique une armada de dauphins noirs s’avance, tous de front, en effectuant sa meilleure voltige. Poissons volants et calamars quant à eux s’écrasent chaque nuit lamentablement sur le pont.

Nous aurons eu notre quota de bestioles avant même d’arriver aux Galapagos . Mais irons nous , irons nous pas ?

Si près de  » l’origine des espèces  » et passer loutre , ça va pas être possible ! Un crochet d’une centaine de miles et nous voilà dans le fameux parc national, patrimoine de l’humanité. Et c’est un festival! La danse de l’otarie nous enchante. Une puis deux tortues nous rendent visite, si près du bateau quand au loin les baleines à bosses vaporisent l’azur d’ une brume marine. Les émois amoureux des raies se mesurent à la hauteur de leur saut et elles sont très amoureuses !

Nous verrons peu des Galapagos même si sur Isabella les iguanes terrestres nous ont observés de leur yeux globuleux et le jeu des jeunes otaries nous aura conquis le temps d’un débarquement éclair …

 » Seules les bêtes » me direz vous ont mérité notre respect !

La marée chaussée, l’aéronavale, capitaine et agents en tout genre ont décidé que nous ne mettrions pas pied à terre. ( sauf à se délester de la modique somme de 1500 dollars)

Et oui Darwin le monde a bien changé !

Votre honneur nous fera la grace cependant d’un filet à provision avant un appareillage immédiat, mais point de gazoil pour nos reservoirs.

Que nenni,! Faisons route ! Une troupe de globicéphales nous attend au large pour égayer l’inexorable pot au noir.

 

Histoire d’un canal à Panama

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Avec ton air d’agent latino-américain franco-panaméene, à peine debarqués tu nous as liberés.

Nous étions libre de fouler le sol de Panama au milieu de la mangrove et des singes hurleurs, libres de se frotter aux autorités avec notre liasse de photocopies.

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Tu expliques le canal, les sommes à payer, jamais tout à  fait nettes de taxes et de commissions, plus de 2700 dollars quand même !

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Tu nous donnes rendez-vous avec le jaugeur, voire le arpenteur le 15 au matin au flat, plutôt le cimetière des bateaux sans nom. Le 15 tu nous dis: c’est reporté au 16. Shelter sera pour quelques jours notre camps de base.

22 matin ou soir passage prévu. Finalement les handliners et le pilote embarquent à 16 heures sans gants ni chaussures mais masqués, avec des pneus sans attache et des haussières raides comme la justice. En 2 minutes c’est le branle bas combat, il faut lever l’ancre et gagner le chenal sans tarder, un cargo attend.

Bref tout est paré, chacun à son poste prêt à affronter les premières écluses, à recevoir les premiers lancés de toulines.

Très professionnels nous passons les 6 écluses et la traversée du lac Gatun avec une synchronisation parfaite, une vraie chorégraphie.

Nous voilà après 24 heures dans le pacifique, nos équipes nous quittent à Balboa, nous quémandent 12 dollars supplémentaire. Pourquoi? juste pour débarquer.

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Et le crusing permit ? Pas la peine et puis si si je m’en occcupe ça fera 185 dollars plus 30 de commission pour faire la demande.

Un mois passe, toujours pas de permis pourtant obligatoire pour sortir de Panama.

Discution, contreverse, atermoiements , avec toi et Iasmina des autorités. Encore un petit effort de 5 dollars et l’imprimante accouche du permis. Nous sommes enfin libérables

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait

Plus un pays est corrompu plus compliquées sont les procédures. Mais tu nous as libéré des paperasses administratives. Quoique!

Oh Susy si tu savais tout le mal que l’on me fait peu à peu tu disparais

Se retrouver chez les Kunas aux San Blas .Quelle expérience !

Yara a bien dû patienter une nuit au large de la côte Panaméenne avant de risquer une approche prudente. Et bien lui en prit.

Rochers acérés, vagues fracassantes, hauts fonds, corail de toute part et trois minuscules piquets pour matérialiser une chicane et se frayer un chemin au milieu de tout ça… Panamarina ça se gagne!

Une fois à l’intérieur : un vrai lac dans son écrin vert de mangrove et une ambiance que l’on avait pas connue depuis longtemps: petite guinguette, musique, jeunesse enthousiaste de ses futurs voyages et les Pourquoi Pas qui fébrilement nous attendent. Yara transporte en effet quelques colis, notamment les introuvables fraises Tagada sous ces latitudes et sans lesquelles le Capitaine Jean Phi est très malheureux.

C’est là qu’Albin arrivera suite à un long périple sur des pistes pas très claires ni trop fréquentables, de nuit et tout feux éteints. Mais avec du saucisson dans ses bagages !

Ni une ni deux, après une expédition à la recherche du paresseux qui paresse, on prend la chicane dans l’autre sens et direction le fameux archipel  des  San Blas.

Nous voici donc à nouveau ”en el Paraiso”. Nous ferons halte aux Hollandes, Coco Benderas, ou Cambombia . D’îlots en îlots nous rencontrons les familles Kunas, approchons modestement leur mode de vie, éprouvons leur gentillesse, leur disponibilité ,découvrons leur fabuleux artisanat et ferons plus d’un honneur à leur pêche.

Dans le paysage les cocotiers sont omniprésents. Le prix de la noix de coco est fixé pour l’année pour l’ensemble des îles par une assemblée de tous les villageois. Ici aucun territoire n’est jamais cédé à un quelconque promoteur. Le Panama aimerait bien assimiler les populations Kunas mais ils s’y refusent et préservent leurs traditions et leur indépendance. Comme de porter la tenue brodée par dessus les vêtements occidentaux imposés à l’école, en forme de protestation. Un père Kuna ( on peut lire aussi Guna) nous dira : – les enfants n’ont pas la télé mais on reste libre et tranquille . Même si on nous demande souvent de « cargar los cellulares » nous venons de faire un pas de côté à notre civilisation. L’événement qui mettra le sourire sur tous les visages sera le don de nos anciennes lunettes et d’un peu de matériel de couture pour les femmes qui créent les fameux Molas. Tableaux colorés faits de plusieurs couches de tissus où la dimension 3D n’a rien à envier à la science des hologrammes. Je craquerai pour plus d’un et réaliserai un trop beau cache pot à kéfir avec l’un deux et monter ainsi d’un cran dans l’estime de ces formidables couturières.

Nous quittons avec tristesse ce bonheur du bout du monde. En route pour le Canal, le grand, l’unique, le mythique Canal de Panama.

Salut et fraternités

 

Naviguer enfin.

Le mot qui exprime le mieux notre sentiment à l’heure du départ de Curacao est : sérénité.

En effet tout fonctionne sur le bateau. L’équipage a envie d’en découdre, il est fin prêt.

Le moteur démarre au quart de tour, les diverses pompes aussi. L’annexe gonflée sur le pont. Gary notre ami Australien est sur le quai pour proposer son aide et nous envoyer un dernier » take care ».

Dès notre belle grand voile hissée, Pierre Jean, notre pilote préféré reprend du service sans broncher. Brave petit !

Le mouillage de Santa Cruz sera l’occasion de tester Bernard, le  » watermaker » (dessalinisateur) qui fonctionne illico. Bon gars!

Tout est en ordre à l’intérieur, les premiers repas sont prêts, on peut y aller.

Il y a bien comme un malin doute qui s’insinuerait dans nos têtes du genre; trop beau pour durer.

Au troisième jour nous avons parcouru 400 miles soit la moitié du chemin sur une même amure . Au changement de bord les tiroirs à couvert ne sont plus d’accord ! Ils décident de faire un valdingue dans notre habitacle et c’est tout l’attirail qui se retrouve dans le carré. L’occasion de faire le tri et un grand ménage, ce qui dans ces conditions de navigation n’arrange pas nos estomacs ! À part ce léger incident tout va très bien Mme la Marquise, et notre sérénité n’ est même pas entamée. Le bord s’adapte très bien à l’absence de surprises.

Malgré une mer chaotique en guise de bienvenue, notre Yara avec l’aide de tous ses acolytes fait bien son office.

Arrive le tour de la barre fantôme.

Denis, voulant éviter un des rares cargos croisant notre route, prend la barre et se retrouve alors avec du vide entre les mains. Diagnostic: une clavette s’est fait la malle, il y n’y a qu’un boulon à resserrer. Ouf ! Vive la seconde barre tout de même.

C’est au cours de cette journée particulière que les wc se retrouvent fermés de l’interieur. Mystère toujours pas élucidé à ce jour.

Petits inconvénients mineurs me direz vous qui font que nous nous sentons davantage dans la normalité.

Le lendemain la houle est montée d’un cran. De belles déferlantes entourent le bateau, le spectacle est magnifique.

Vient alors l’épisode de l’omelette aux oeufs! Voir aux oeufs brouillés (façon Pierre Gros) avec patates, oignons et grouuuyère .

Le temps de saisir une bouteille derrière soi et vlan le bol prend son envol et le carré une belle couleur jaune. Ça pue l’oeuf et ça glue! Nos estomacs n’aiment toujours pas. Qu’à cela ne tienne, vas y pour une deuxième omelette!

C’est alors que, la vague célérate qui attendait son tour tapie au fond de l’océan, fait surface et vient toquer sur la coque de Yara où, pour se remettre de l’intense odeur d’oeufs , les hublots ont été ouverts.

100 litres d’eau de mer font irruption dans la cuisine, sautant miraculeusement par dessus la gamelle, épargnant notre repas. Et nous voilà derechef à quatre pattes pour éponger tandis qu’à l’extérieur les montagnes russes sont toujours d’actualité. On ne parle pas alors de notre forme stomacale!

Enfin à l’air libre, nous parvenons à déguster la plus délicieuse des omelettes aux œufs.

Dernier épisode de cette traversée reliant Curaçao à Panama sera l’avance que l’on a prise, aidés par un fort courant et qui nous fait donc arriver tombée de la nuit plutôt que petit matin.

Ici pas de phare , bouées chenal ou autres signalisations. Rien qu’une côte sauvage bordée de recifs acérés où déferlent toutes les vagues de l’Atlantique.

Dilemme. Ralentir, accélérer, tenter un passage ?

Que va choisir Yara ?

Finalement sans prétendre à l’intensité  » du vent des globes” ( trop jolie formule, je la garde Gilles. O) on ne s’ennuie pas à bord de Yara !

Salut et Fraternités

Arrêt forcé à Marie Galante

Bientôt  deux mois de stationnement sur les rives de cette île paisible. Ça nous laisse le temps de l’observation.

Tout d’abord la mer tout autour pour seul amarrage. Notre parking de référence.

Et 2-3 choses qui ne changent réellement pas.

Les grosses étoiles de mer rouge qui constellent notre parcours de nage, imperturbables dans leur alignement sous marin.

De même les 4-5 tortues qui opèrent dans ce rayon d’un km. La grande, la moyenne, la baguée, celle à la patte folle , la très sauvage qui s’enfuie à toute blinde quand notre groupe de nageurs émérite franchit sa zone de pature.

2 énormes  barracudas gardant leur territoire nous font les gros yeux quand on le traverse, allant jusqu’à nous accompagner de concert.

Un gros pâté de corail abritant une murène engourdie, trois poissons tigres, un bébé langouste caché au fond de son pneu.  Tout un aréopage de poissons divers.

Un paysage monotone, dans le fond recèlant cependant une multitude de détails. Une faune animée, heureusement  indifférente au monde extérieur. Même s’il parait que l’arrêt de toute forme de circulation lui convient plutôt bien.

2-3 choses qui changent mais qui sont les mêmes.

La vue que l’on a de l’île Guadeloupe.  Un jour partiellement découverte en son sommet volcanique, l’autre totalement absorbée par les grains puis transpercée des mille feux du couchant.

Les ciels, leurs couleurs changeantes seconde après seconde, la course des nuages galopant vers l’ouest ou leur absence qui vaguement inquiète.

Les variations bleu, indigo, vert, gris ou mercure de la mer avec ses ondulations, frisures et reflets. Une palette infinie en un seul jour.

La terre possède également ses rituels.

Le cochon sous son manguier, les bœufs en leur piquets le long des chemins de canne , les boucs que l’on conduit à l’étable à grand renfort de cris tonitruants.

 

La canne qui ne peut être coupée par une main d’œuvre contrainte à l’immobilité.  Les buttes de terre noire où se disciplinent des rangées de salades vertes et craquantes, que la main d’un Richard permacultivateur des faubourgs de St Louis, soigne jour après jour.

Les arbres fiers, puissants, croulant sous leurs  fruits gorgés de jus, que seul l’alizé parvient à  émouvoir et qui poursuivent leur lente croissance sans plus se préoccuper des affres de ce monde. Les lueurs du couchant  accrochées aux murs délavés des maisons basses des ruelles quelque peu désertées..

Les longues plages silencieuses au mobilier abandonné attendant le retour d’un tourisme incertain. La guitare en sourdine échappée d’une case en retrait.

Et nos bateaux sur leurs bouées pointant tantôt l’est, tantôt le nord avec leur toiles de soleil colorées, les vêtements frais à sécher sur leur fil, les paddles qui se prélassent dans l’attente de la récréation d’enfants dorés de soleil, corps agiles toujours prêts à  s’égayer au centre de notre carte postale.

Et les amis de mouillage  les visages  tourmentés, des rides nouvelles, un air plus las, inquiets pour les proches restés dans la tourmente de ces jours de détresse. Ou bien savourant au contraire ce temps en dehors du temps. Mais de lire aussi et rire beaucoup. Et se lier d’amitié,  trouver ses âmes  soeur avec qui se projeter. Aussi dessiner, jouer, cuisiner, et pourquoi pas  une nouvelle communauté  et discuter toujours un verre d’amitié à la main défiant l’idée même d’un quelconque couvre feu.

 

Et l’émotion, plus forte que tout le reste, d’être enfin réunis à nos quatre marines, filles de la mer et de la liberté, éblouissantes de vie et de beauté.

Jours de rencontre, de connaissance et de reconnaissance qui curieusement nous nourrissent un peu, énormément,  beaucoup, pas assez..

Et bien sûr l’appel du large toujours là. Les baleines tout prêt que l’on peut entendre chanter certains jours, un désir de voile bien gonflée avec le son du sillage sur la coque…de nouveaux horizons à parcourir.

ON RÊVE.. on ne se refait pas .

Voilà ces deux trois  choses pour décrire ce temps où nous fûmes à Marie Galante .Microcosme ou  monde sans fin. C’est selon !

Salut et fraternités

Bahamas a wild world


Bahamas : Mayaguana

Tant de splendeur et d’émotions tout au long de notre transhumance Bahaméenne, nous transportant de Mayagana, premier des bijoux le plus au sud de l’archipel à Great Abaco la nordique.

Suite à une belle navigation toute voiles dehors depuis la République Dominicaine, nous abordons le bight (lac intérieur) de Mayaguana (prononcez : maywouagwana ).

Mayagana ;où les autorités jouent les filles de l’air !

C’est un immense lagon, long de 5 milles et large de 2, où l’on doit slalomer entre patates de corail et zones herbeuses pour accéder au mouillage. D’un bleu translucide entre 2 à 3 mètres de fond, il faut garder les yeux bien ouverts et faire confiance à sa cartographie pour approcher le village.

Tout se passe bien pour Yara qui partagera ce « modeste » espace avec Elisabeth et Bill la première nuit et les jours suivants.

Dimanche et Lundi de Pâques obligent, il va falloir patienter jusqu’à mardi. En effet, nous sommes là pour effectuer nos formalités d’entrée, comme les amis du Mulon l’on fait quelques jours avant nous…mais voilà… « l’administrator  » est parti et ne sait quand reviendra !

Tant pis une fois remisé le kayak et admiré toutes les nuances gris- bleu du ciel et de la mer sous les ondées tropicales, nous faisons route, accompagnés de nos récents amis, pour le petit îlot de Plana cay, qui comme son nom l’indique est plutôt plat !

Là, stupeur et stupéfaction !

On peut compter les grains de sable et les étoiles de mer par 10 mètres de fond ! L’endroit magnifique et hors du temps est plus que sauvage, inhabité et iréel.

Nous lierons mieux connaissance autour d’un déjeuner avec nos deux Américains, occasion de tester notre anglais et d’échanger le fameux Kéfir, qui décidément ne connaît pas de frontières.

Ce n’est pas tout ça ! nos amis Valou et Jeff arrivent à Acklins dans deux jours…allons repérer les lieux.

Mayaguana en image

 ACKLINS : une belle protégée

Attwood Harbour au Nord de l’île, n’est pas un port mais bien une baie, ourlée d’une plage immaculée en croissant de lune, bordée de palmiers nains. L’abri parfait et paradisiaque où déambulent en toute nonchalance raies géantes et parfois même d’autres espèces, avec lesquelles il va bien falloir se familiariser !

Le paradis cependant est loin de l’aéroport … sinon ce ne serait plus le paradis !

Vite fait, bien fait, Elisabeth, aux premières lueurs du jour, a trouvé la solution « to pick up your friends », dans ce bout du bout du monde.

Fedel et Lewis, pêcheurs et animateurs locaux vont se charger de nous récupérer sur la rive. Rendez-vous est pris le lendemain  08 h et en avant pour l’aérodrome d’Acklins.

Nous découvrons l’intérieur de cette île aux contours surprenants et imaginons, non sans un sourire en coin, notre Val, suivie de sa «  grosse valise néanmoins à roulettes », sur les pistes en-caillassées et en_cagnassées …tentant de rejoindre un voilier qui est peut-être arrivé à destination !

Conjoncture hasardeuse …comme on les aime.

Ils sont là, les copains de toujours ! ni retard, ni décalage…trop facile. Quel bonheur que ces retrouvailles !

Welcome to Paradise !

C’est le début de l’aventure, déjeuner pieds dans l’eau au son du reggae, partie de pêche sur la barque de Fedel et exploration de notre Éden malgré une certaine inquiétude au moment des longueurs de bassin !…

Ce qui ne décourager pas Jeff et Denis d’aller observer, voire davantage, les « copines aux grandes antennes ».

Acklins en video

Deux jours plus tard, il nous faut tout de même songer à le quitter, cet eden. Nous sommes toujours clandestins avec deux passagers supplémentaires à bord !

Avant de rejoindre un port d’entrée on ne résiste pas à un petit crochet par Crooked Island, si près et si tentante …

CROOKED ISLAND : où Jeff négociera le repas du siècle.

Le ciel devient menaçant mais les grains et les orages s’accompagnent de beaux ciels de traine qui vont encore exacerber les couleurs de l’océan pour le seul plaisir de nos quatre paires d’yeux.

 On savoure notre condition de Robinson car il n’y a pas foule à Crooked.

 On ne résiste pas longtemps à l’appel des fonds marins, coquillages et autre faune locale. Un vrai festival…sans l’ombre d’un aileron !

Mais assez vite « les vivres vinrent, vinrent à manquer ».

Une prospection des environs pour avitaillement s’impose.

Au bout de « notre » plage idyllique, dans la petite localité de Pittstown à deux milles du phare de Landfall, nous serons les bienvenus dans la minuscule épicerie où l’on trouve l’essentiel, où l’importance d’échanger est une évidence. Nous serons aussi très bien nourris chez « Gibson », restauratrice renommée de l’île. Elle nous fait un repas digne de notre appétit avec le peu d’argent qu’il nous reste en poche. (la poche de Jeff en l’occurrence, qui pour une modique, très modique somme, nous assure le festin !.)

« A l’ouest d’Éden »se trouvent les bureaux de l’immigration. Allons voir à Long Island s’il est possible de faire quelques formalités..

Crooked en vidéo

LONG ISLAND : où nous furent révélés les arômes du Clos de la Tech

Après une longue journée à affronter la colère des cieux, nous voilà déposant l’ancre dans le grand bleu de la très sereine Calabash bay. En effet, éprouvés par notre lutte contre les éléments déchainés, nous débarquons un tantinet fatigués, pour aussitôt nous retrouver accueillis par Patricia et Peter. Ils n’aurons de cesse de nous questionner sur notre parcours et tout de go de nous enivrer de leur réserve de grands crus (spécialement transporter dans  » leur valise « diplomatique »). Quelle expérience !!

L’immigration semble toujours aussi compliquée à trouver, nous filons donc au petit matin sur Georges Town dans les Exhumas.

Long Island en vidéo

Les Exhumas : tout un univers animalier à ciel ouvert…

On ne parle pas ici des personnels de l’administration, qui eux bien sûr, bien installés derrière leur bureau, sont prêts à vous délester de votre surplus de dollars( 300 en tout et pour tout) et qui n’ont rien à fiche de vos péripéties pour arriver jusqu’à eux !

Tant mieux ! Tout est en règle et l’on peut se balader tranquillement sans » peur du gendarme « , lequel d’ailleurs nous ne verrons jamais. La plupart des Exhumas n’étant que très peu habitées, ceci explique cela.

Par la suite tout ne sera qu’émerveillement, découverte de cette faune extrêmement riche et des sites extraordinairement beaux dans lesquels elle évolue.

Nous parcourons tour à tour une dizaine d’îles, très souvent seuls au monde, allant crescendo, de surprise en enchantement. Aucun trouble à se laisser porter sur des fonds régulièrement en dessous des douze pieds cad 4 m). Yara prend plaisir à glisser tant l’eau est belle et la météo clémente…Nous y connaîtrons nos plus belles bordées de spi !

Les Exhumas en image : 1ère partie

Les Exhumas en image : 2ème partie

Nassau : Nous quittons le Paradis pour un petit purgatoire.

C’est là que l’obtention des visas U.S va prendre des airs de tragédie comique pour certains d’entre nous ( voir article sur le sujet).

Les Bahamas : fin hélas !

En compagnie de nos amis du « Mulon », Anne et Pierre, fraîchement retrouvés, nous allons entamer la remontée des Bahamas qui nous conduira au seuil de la terre Américaine .

Pour en résumer ces quelques jours on peut dire que :

 » Tout n’est pas rose à Rose Island  » où les orages nous ont bien rattrapés.

« Merci le sondeur et la marée  » à Bonds Cay où l’entrée étroite et sinueuse ne laisse aucune place à l’improvisation. Mais quelle sérénité une fois l’obstacle franchi.

Soldier’s : Ile Pacifique uniquement peuplée d’oiseaux et d’une nouvelle « marque  » de requin où Véro téméraire a risqué un petit bain du soir, bien vite écourté toutes palmes en action !!

Et Great Bahama pour finir. Après une belle régate côte à côte avec  » Le Mulon « (100 milles en 14 h ), ultime étape bahaméenne à West of West End, qui nous permet de choisir le meilleur moment pour traverser .

La recherche du Gulf Stream et la découverte de l’Amérique seront nos prochaines émotions.


En route pour les îles anglaises et autres Saints

Croire que la navigation au long court est une activité de fainéant est un leurre .

Avant toute expédition vers des régions plus lointaines, elle requiert un maximum de préparation.

L’avitaillement, qui n’ est pas forcément une mince affaire quand vous n’avez que vos jambes et vos petits bras comme seuls moyens de transport…

La lessive qui attend depuis un mois de se faire lessiver…

Les diverses réparations (gros poste s’il en est) et les recherches de pièces et autres solutions pour en venir à bout . Ce qui inclut beaucoup de remue-méninges ,prises de contacts et multes discussions sur le meilleur moyen de…

La « to do  » liste est permanente et évolutive…

En conclusion, les ports ça nous fatiguent ! Et le porte monnaie aussi .

Enfin un joli vent gonfle les voiles de Yara pour un tour de Guadeloupe tout en douceur. Nous découvrons par la mer, la face ouest de cette île majestueuse, avec le privilège plutôt rare de voir très clairement le sommet de la Soufrière et après une nuit bâbord-tribord à Malendur ( s’interroger sur le sens des noms de lieux vous évitera quelques désagréments) nous filons toute berzingue sur Antigua la « so British »!

Arrivés assez tôt à Joly Harbour pour des formalités douanières  on savoure une bière anglaise et coucher de soleil.

Après une nuit réparatrice on retrouve notre Ghibli dans la baie d’ English Harbour( mouillage encombré que l’on résout par une ancre à l’avant , une à l’arrière. Les anglais n’ont qu’à bien se tenir !)

La navigation devient plus précise . Ici d’avantage de récifs coralliens , hauts-fonds et autres pièges parsèment votre route . C’est pas non plus un champ de mines ,on a juste les yeux plus souvent sur la carte .

Avec Clémentine, Philippe et leurs filles Cali et Nina on s’offre un mouillage sauvage à Green Island et une chouette traversée sur Barbuda .

Barbuda vaut le détour.

Antigua est vallonnée et verte , découpée par de nombreuses baies et envahie de tourisme. Barbuda est ronde et plate, entourée d’un immense récif corallien, un décor à couper le souffle et personne pour troubler cette quiétude (ou presque).

Bémol cependant dû aux conséquences du cyclone, qui a laissé chaque toiture de chaque maison à terre .Les Barbudéens ne souhaitant pas l’aide internationale nous a t’on dit, ou bien est cela délaissée des Caraïbes ? La reconstruction, en tout cas, se fait peu à peu et l’esprit de désolation est bien là.

C’est notre coup de cœur que nous quittons à regret et encore davantage la famille Ghibli qui va suivre sa route à travers l’Atlantique jusqu’en Méditerranée .

Au revoir les amis , nos petits filleuls, avec qui on a beaucoup rêvé de ce grand voyage !!

Demain, autre ambiance :Saint Barth où la présence de David croisé à Madère nous motive à faire escale .